Histoire Des Libertines (78) : Femmes Libres D’Hollywood (10) Hedy Lamarr, « La Plus Belle Femme Du Monde ».

Hedy Lamarr (1914-2000), née Hedwig Kiesler à Vienne (Autriche-Hongrie), est une actrice, productrice de cinéma et inventrice autrichienne naturalisée américaine, désignée en son temps comme la « plus belle femme du monde ».

Au cours de sa carrière cinématographique, elle a joué sous la direction des plus grands réalisateurs de l'époque. Outre sa carrière au cinéma, elle a marqué l'histoire scientifique des télécommunications en inventant, en collaboration avec le compositeur George Antheil, pianiste et inventeur comme elle, un moyen de coder des transmissions par étalement de spectre, ancêtre des techniques toujours utilisées actuellement pour les liaisons chiffrées militaires, la téléphonie mobile, le GPS ou la technologie Wi-Fi.

ORIGINES JUIVES

Hedy est la fille unique d'un couple de Juifs ashkénazes. Son père Emil Kiesler (1880–1935), originaire de Galicie, était directeur de banque, alors que sa mère Gertrud Lichtwitz (1894–1977), issue d'une grande famille de la bourgeoisie juive de Budapest, était pianiste.

Gertrud se convertit au catholicisme et élèvera sa fille dans cette religion, sans pour autant la baptiser. Hedy grandit dans un milieu privilégié, ayant des précepteurs ou instruite en Suisse, faisant de l'équitation, allant à l'opéra. A douze ans, Hedy remporte un concours de beauté à Vienne.

CARRIERE PRECOCE ET REPUTATION SULFUREUSE : LA PREMIERE SCENE D’ORGASME

La jeune fille, qui a abandonné l'école, est ensuite engagée par le metteur en scène de théâtre autrichien Max Reinhardt (1873-1943) qui déclare à la presse qu'elle est « la plus belle fille du monde ». C'est aussi à cette époque qu'elle rencontre les producteurs Otto Preminger (1905-1986) et Sam Spiegel (1901-1985), qui rivalisent alors pour obtenir ses faveurs.

A partir de 1931, Hedy est à Berlin. Le cinéaste tchèque Gustav Machatý (1901-1963) remarque sa beauté et la fait tourner en 1933 dans « Extase », un film dont le scénario est proche de « L'Amant de lady Chatterley », où sa nudité et la première scène d'orgasme sur les écrans où l'on ne voit que son visage et l'absence de jugement moral au sujet de la conduite de l’héroïne, font sensation dans le monde entier, tout en la rendant célèbre.

Cette réputation sulfureuse acquise à 19 ans ne la quittera plus ! Le film, présenté à la Biennale de Venise, est condamné par le pape Pie XII et interdit en Allemagne.

Le film fait scandale, en raison de la nudité de l'actrice et de la première scène d'orgasme sur grand écran de l'histoire de cinéma. Le scandale est mondial, Hedy fut, en quelque sorte, la première « actrice X » de l’histoire !

ECHEC D’UN PREMIER MARIAGE ET AVENTURES

En 1933, poussée par ses parents, inquiets pour son avenir, elle épouse l'industriel prospère de l'armement et fasciste autrichien Friedrich Mandl (1900-1977) qui avait remarqué la jeune actrice dans « Extase ». Hedy, éprise de liberté mais trop surveillée par son époux qui lui interdit de continuer son métier d'actrice et essaie de racheter toutes les copies du film Extase, fuit sa vie dorée en 1937, grâce à un déguisement de femme de chambre !

Elle vit d'abord en Suisse où elle côtoie la jet set. Elle y rencontre l'écrivain allemand Erich Maria Remarque (1898-1970), qui possède une superbe villa au bord du lac Majeur, où il offre asile à ceux qui fuient l'Allemagne nazie, et avec qui elle entame une liaison. Nous avons déjà évoqué le célèbre écrivain pacifiste, proscrit par le régime nazi et qui fut l’un des amants de la grande Marlène Dietrich (voir « Histoire des libertines (67) Femmes libres d’Hollywood 4 Marlene Dietrich, ange ou scandaleuse », paru le 7 octobre 2020)

Hedy poursuit sa « cavale » à Paris, puis à Londres, où elle rencontre le magnat du cinéma Louis B. Meyer (1885-1957) que nous avons également déjà évoqué au sujet de Jean Harlow (voir « Histoire des libertines (75) : Femmes libres d’Hollywood (8) Jean Harlow, le destin tragique de la première Pin-up », publié le 21 janvier 2021)

Au départ, Meyer propose à Hedy un contrat à des conditions qu’elle refuse. Hedy travaille alors comme gouvernante du jeune violoniste prodige, Grisha Goluboff, avec qui elle embarque sur le Normandie.
Durant la croisière, Hedy Lamarr se met en beauté pour l'impressionner et convainc ainsi Mayer de l'engager aux conditions qu'elle souhaite, soit 500 dollars par semaine. Pour autant, le ponte du cinéma, resté sur l'image sulfureuse du film qui fit sa renommée, ne la tiendra jamais en estime.

HEDY LAMARR, STAR D’HOLLYWOOD ET FEMME FATALE

Dès ses débuts à Hollywood, elle change officiellement son nom pour devenir Hedy Lamarr. Après l'Anschluss, elle aide à faire sortir sa mère d'Autriche pour la faire venir aux États-Unis.

Hedy est, à ce moment-là, promue révélation et nouvelle sensation de Hollywood, ses prestations étant parfois fraîchement accueillies par la critique.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'antifasciste qu'elle est, participe en tant qu'exilée à l'effort de guerre américain, qui utilise sa célébrité pour vendre 25 millions de dollars de bonds de guerre, ce qu'elle fait avec grand succès en se rendant dans de nombreux villes américaines, participant à une campagne de lettres de soutien pour les G.I.

Dans tous ses films tournés avec la MGM, Hedy Lamarr incarne une reine glamour, comme il était courant à cette époque avec notamment Joan Crawford (Voir « Histoire des libertines (70) : Femmes libres d’Hollywood (6) : Joan Crawford, monstre sacré », publié le 17 novembre 2020) dont l'attrait s'estompait ou Greta Garbo, à la retraite (Voir « Histoire des libertines (69) : Femmes libres d’Hollywood (5) : Greta Garbo, la divine », publié le 3 novembre 2020).

Elle semblait être la définition même du mot avec sa beauté classique, hiératique et sensuelle, ses cheveux de jais, ses immenses yeux transparents marbrés bleu-vert, « parfaitement symétriques, aux sourcils en arc-de-cercle, sa « bouche comparable à l'envol d'un oiseau », son « nez fin et rectiligne », sa « peau de porcelaine », son « petit sourire rêveur et sa voix à l'accent exotique » qui était une combinaison de la vieille Vienne et l'école de diction de la MGM.
Lors des projections, le public attend le moment où le réalisateur montre en gros plan le profil parfait d'Hedy Lamarr.

Elle figure l'archétype de la femme fatale, à la beauté mystérieuse, intense et troublante, sensuelle mais inaccessible, irrésistiblement attirante mais manipulatrice, dangereuse et traîtresse, souvent étrangère ou carrément exotique, que sa rivale en beauté et en folies amoureuses, Ava Gardner, dont nous reparlerons, pourrait lui disputer.

Les magazines d’alors se repaissent des potins de caprices de star de celle qui est également surnommée « le cadeau de Vienne aux hommes »

Son triomphe dans le péplum « Samson et Dalila » (1949) de Cecil B. DeMille, fixe pour longtemps son image de femme fatale, froide et sans cœur.

La chute de la star est pourtant amorcée. Hedy Lamarr se retire dès 1957 après une série d'échecs, sa notoriété s'était déjà estompée.

DECLIN

Elle mène une vie mondaine pendant quelques années et dilapide sa fortune. Dans les années 1960, elle est arrêtée à plusieurs reprises pour vol à l'étalage de produits de beauté.

Rongée par la hantise de vieillir, elle prend grand soin d'elle-même puis expérimente la chirurgie esthétique, sans succès.

Au cours des dernières décennies de sa vie, Hedy Lamarr n'a plus communiqué que par téléphone avec le monde extérieur, même avec ses s et ses amis proches, vivant en recluse dans son appartement de Floride.

UNE INVENTRICE

Parallèlement à son activité d’actrice, d’amante compulsive, et aussi de peintre et de mère de famille d’occasion, Hedy Lamarr a depuis toujours montré de l’intérêt pour les inventions et les découvertes techniques.

Hedy Lamarr avait bien d'autres centres d'intérêts que son métier d'actrice. Elle était passionnée de design et inventrice géniale. De ses conversations avec son ami le compositeur d'avant-garde George Antheil (1900-1959), antinazi et antifasciste passionné comme elle, naît l'idée d'une invention pour mettre fin, au torpillage des paquebots de passagers.
Il s'agit d'un principe de transmission, l'étalement de spectre par saut de fréquence. Dans le but d'aider les Alliés dans leur effort de guerre, ils proposent en décembre 1940, puis décident le 10 juin 1941 de déposer le brevet.

Cette idée était tellement novatrice que la Marine américaine n'en a pas immédiatement saisi l'importance, la trouvant irréalisable ; elle ne fut donc pas mise en pratique à l'époque. Quand le brevet fut déclassé (tombé dans le domaine public) en 1959, ce dispositif fut également utilisé par les fabricants de matériels de transmission. Elle n'a jamais reçu de compensation financière pour son invention, malgré ses réclamations. Elle n’en reste pas moins une pionnière du wifi !

SIX MARIAGES !

Hedy Lamarr se maria et divorça six fois. C’est un point commun avec Henri VIII (pour le nombre de mariages, pas pour le sort des conjoints !) mais surtout, plus proche d’elle avec Gloria Swanson (voir Histoire des libertines (66) : Femmes libres d’Hollywood (3) Gloria Swanson, star du cinéma muet », publié le 27 septembre 2020).

Voici la liste de ses époux:

• Friedrich Mandl, industriel de l'armement autrichien (1933-1937) ;

Mandl est le plus célèbre des époux d’Hedy. Il est l’un des quatre plus grands marchands d'armes du monde, ami personnel et fournisseur de Mussolini. Il est également un « austro-fasciste ». Dès 1933, il fait d'elle une institution de la haute société de Vienne, recevant des dirigeants étrangers, dont Mussolini, Hitler, selon les mémoires de Lamarr, ou Hermann Goering. Sa tâche consistait à être jolie, arborer des bijoux et des fourrures, et très peu parler ou rire : « Il m'a toujours traité comme une poupée, rapporte-t-elle, j'ai dû passer tout mon temps à donner et à aller à des fêtes, à porter des vêtements élégants, à faire des voyages d'agrément en Suisse, en Afrique du Nord, sur la Côte d'Azur…». Mandl a tenté de racheter toutes les affiches où elle apparaît languissante et les copies du film « Extase », pour les détruire. Par ailleurs, Lamarr l'aurait quitté parce qu'il était trop impliqué avec les nazis et que sa jalousie maladive l'étouffait, dans la cage dorée où il la cantonnait. Selon cette même légende, elle s'enfuit après avoir la domestique chargée de la surveiller, en lui empruntant son uniforme !

• Le producteur et réalisateur Gene Markey en 1939-1940, avec qui elle adoptera un fils, James (né le 6 mars 1939) ;

• Avec l’acteur britannique John Loder (1898-1988à, elle sera mariée de 1943 à 1947 ; ils auront deux s, Denise (née le 29 mai 1945) et Anthony (né le 1er mars 1947)

• Le magnat de l’immobilier d’Acapulco, Teddy Stauffer, sera son mari de 1951 à 1952

• Son mariage le plus long sera, de 1953 à 1960 avec W. Howard Lee. Heddy le décrira comme une page noire de sa vie, et un long contentieux les opposera.

• Son avocat Lewis J. Boies sera, de 1963 à 1965 son dernier époux.

Ses différentes unions lui font dire : « Je dois arrêter d'épouser des hommes qui se sentent inférieurs à moi. Quelque part, il doit y avoir un homme qui pourrait être mon mari et ne pas se sentir inférieur. J'ai besoin d'un homme supérieur et inférieur »

Elle a dit également : « Peut-être mon problème dans le mariage — et c'est le problème de beaucoup de femmes — a été de vouloir à la fois l'intimité et l'indépendance.

UNE HYPERSEXUELLE : LA LONGUE LISTE DE SES AMANTS

Hedy Lamarr fut l'une des grandes séductrices de Hollywood et, incontestablement une hypersexuelle.

Reconnaissant son « addiction au sexe », elle a déclaré un jour : « C'est une malédiction pour une femme d'avoir trop de besoins ».

Le livre de souvenirs de Hedy Lamarr, « Ecstasy and Me », paru en 1966, a dégradé son image de déesse intouchable. En France, deux ans plus tard, il a fait l'objet d'un compte rendu de Bernard Cohn dans « Positif »

La star s'y attarde sur sa vie privée mouvementée et particulièrement sur ses frasques sexuelles. Ces mémoires figurent parmi les dix autobiographies les plus érotiques de tous les temps selon Playboy. Dans cette autobiographie controversée, Hedy Lamarr livre, avec une remarquable candeur, les détails de son ascension spectaculaire, brossant au fil des pages un portrait au vitriol du Hollywood décadent des années 1940.

Le livre est même préfacé par un psychiatre pour avertir les lecteurs que la vie sexuelle de Hedy relevait de la pathologie !

Avec son physique de princesse, Hedy adorait le casino, les champs de courses, les hommes, mais aussi les femmes. A chaque page de ses Mémoires, on se pince pour croire ce qu’on lit. Ses orgasmes, ses calculs, ses indiscrétions, sa candeur, ses succès, ses échecs, ses démêlés avec la police... Tout est écrit avec un stylo rempli au vitriol.

Hedy a en effet collectionné les aventures.

En Angleterre, elle séduit l’acteur d’origine britannique Stewart Granger (1913-1993), alors marié. Elle dira de l'acteur qu’il était «un des hommes les plus adorables du monde».

En mars 1941, le milliardaire Howard Hughes (1905-1976) l'inonde de cadeaux. Hugues fut célèbre pour ses nombreuses conquêtes féminines. Nous avons déjà parlé de certaines comme Joan Crawford, Jean Harlow, Katharine Hepburn et d’autres dont j’ai prévu de retracer le parcours, comme Ava Gardner, Rita Hayworth ou Lana Turner.

En août 1942, elle fréquente l’acteur français Jean-Pierre Aumont (1911-2001), qui fut aussi l’amant de Joan Crawford, Vivien Leigh et Grace Kelly, aux temps où celle-ci était star d’Hollywood. Jean-Pierre Aumont l’aurait même demandé en mariage huit jours après que Hedy lui ait littéralement fait du pied.

S’en suit en septembre 1942 une brève liaison avec l’acteur américain Mark Stevens (1916-1994). A la même époque, Hedy est pourtant fiancée à l’acteur américain George Montgomery (1916-2000). Le mariage est reporté, non du fait de la conduite d’Hedy, mais à cause de l'enrôlement de Montgomery dans l'armée de guerre. À son retour trois ans après, il trouve Hedy mariée à l'acteur John Loder ! Il faut dire que Montgomery devait être attiré par les croqueuses d’hommes, puisque nous le retrouverons parmi les amants d’une autre grande séductrice, Lana Turner !

Dans son autobiographie, « Ecstasy and Me », Hedy raconte qu'en 1945 sa rencontre John Kennedy, de passage à Paris, lui a téléphoné pour lui proposer de venir et lui a demandé ce qu'elle voulait ; elle a répondu « des oranges ». Elle l'a invité dans son appartement où il est arrivé une heure plus tard avec un sac d'oranges ; les agrumes étant à l'époque pratiquement introuvables, le présent a été très apprécié et la « récompense » fut sans doute à la hauteur. Il est vrai que le fils de « l’ambassadeur » était un grand séducteur, qui avait de qui tenir, compte tenu de la liaison de son père avec Gloria Swanson et d’autres liaisons qu’il a eues ou qu’on lui prête avec des stars, la plus célèbre étant évidemment Marylin Monroe ;

On prête à Hedy (on ne prête qu’aux riches !) de nombreuses autres liaisons qui attestent de son hypersexualité. Outre les amants dont nous avons déjà parlé, on peut mentionner :

• Johnny Carson (1925-2005), animateur du “Tonight Show”

• Le célèbre photographe d’origine hongroise Robert Capa (1913-1954), qui eut une longue liaison avec l’actrice Ingrid Bergman

• Le réalisateur américain Frank Borzage (1893-1962), qui l'a dirigée sur « Cette femme est mienne » (I take this Woman),

Sont aussi cités par différentes sources les noms de nombreux acteurs et réalisateurs :

• L’acteur britannique David Niven (1910-1983)

• Le grand séducteur Errol Flynn (1959-1959) dont nous avons déjà parlé à propos de Marlene Dietrich

• Marlon Brando (1924-2004), célèbre pour ses nombreuses conquêtes, comme Marilyn Monroe, Édith Piaf, Marlène Dietrich, Ava Gardner et Jacqueline Kennedy, Vivien Leigh, entre autres

• Les grands Orson Welles (1905-1985) et Charlie Chaplin (1889-1977)

En marge du tournage de ses films, qui était un de ses terrains de chasse, Hedy aurait eu de brèves liaisons avec ses partenaires, rencontrés sur le tournage. On a cité :

• L’acteur français Charles Boyer (1899-1977)

• L’acteur britannique George Sanders (1906-1972)

• Les acteurs américains James Stewart (1908-1997), dont la vie privée a été pourtant très discrète, John Garfield (1913-1952) et Robert Walker (1916-1951)

• L’acteur américain Robert Taylor (1911-1969) qui eut également une liaison avec Ava Garner et Lana Turner

• L’acteur de légende Spencer Tracy (1900-1967), dont nous avons déjà parlé au sujet de Joan Crawford (voir « Histoire des libertines (70) : Femmes libres d’Hollywood (6) Joan Crawford, monstre sacré », texte paru le 17 novembre 2020) et de Katharine Hepburn (voir Histoire des libertines (72) : Femmes libres d’Hollywood (7) Katharine Hepburn, indépendante ou garce ? », publié le 15 décembre 2020).

• L’acteur britannique Ray Milland (1907-1986)

Toujours dans cette longue liste, Hedy a elle-même démenti avoir eu une liaison avec l’acteur Clark Gable.

HOMMAGE A UNE GRANDE HYPERSEXUELLE

Hollywood, dans les années 1940, n’était pas en manque d’actrices glamoureuses, croqueuses d’hommes et de diamants, qui rivalisaient dans les excentricités galantes, donnant de coupables mais délicieux frissons à l’Amérique puritaine. Pourquoi Hedy Lamarr semble-t-elle remporter la palme dans ce grand concours des séductrices ?

Hedy est demeurée célèbre pour sa grande beauté, ses nombreuses conquêtes, ses problèmes dont les tabloïds se régalent : procès, vol à l’étalage, divorces...

Hedy Lamarr avait tout pour figurer au panthéon des reines du cinéma, entre Greta Garbo et Marlene Dietrich. Mais elle semble avoir joué de malchance… Peut-être était-elle trop sulfureuse pour l'Amérique puritaine des années 1940 ? Elle fuit son premier époux, déguisée en servante, certains disent en prostituée ; se maria six fois ; revendiqua sa bisexualité ; prit pour amants les plus grands noms d'Hollywood ; abusa de la chirurgie esthétique ; dilapida sa fortune ; se retira de la vie publique à quarante ans, ne réapparaissant qu'au gré de ses condamnations pour vol à l'étalage.

Hedy fut une femme qui plaça au plus haut sa liberté. C’est une révoltée qui ne se satisfait jamais de ce qu’elle obtient. Il lui faut l’aventure, le risque, le mouvement, le tumulte des orages désirés.

Aucun scrupule, aucune pruderie n’arrêtent sa soif inextinguible de jouissances. Hollywood lui ouvre les bras. Et elle ne se prive pas d’ouvrir généreusement les siens à tous les hommes que sa beauté fascine. Hypersexuelle, certains ont parlé de nymphomanie.

Sa plastique impeccable, sa séduction irrésistible lui sont bien sûr un atout, mais elle vit, semble-t-il, mal son addiction au sexe. Non qu’elle évite les occasions d’y succomber – elle les saisit au contraire avec gourmandise – mais en ayant conscience des ravages que cette voracité peut avoir sur sa vie conjugale.

Cette incertitude et ce manque de conviction profonde, qui l’empêchent d’avoir une carrière cinématographique à la hauteur de sa beauté et de son talent, tiennent peut-être à ce sentiment de tristesse qui ne la quitte pas. Dépressive, jamais satisfaite, proie des psychanalystes, cherchant sans fin le mari idéal, en fait obsédée par son père, le grand amour de sa vie, elle use les maris et accumule les divorces pour approfondir son mal de vivre.

Mes lecteurs ne seront pas surpris de l’affection que je porte à Hedy Lamarr, que je placerai au même rang que Marlene Dietrich ou Josephine Baker. Ce sont des personnages avec lesquelles on peut s’identifier. Pas seulement pour leur beauté, leur aura de femme fatale, leur vie libre et le fait qu’elles ont incarné l’hypersexualité féminine. Ces trois femmes ont en commun la même détestation du fascisme, contre lequel, à des degrés divers, elles se sont engagées activement pendant la Seconde guerre mondiale. Je soulignerai leur vive intelligence, leur talent qui se sont exprimés pas uniquement au cinéma, mais dans leurs engagements et leurs réalisations, Hedy Lamarr étant incontestablement une grande inventrice, bien que tardivement reconnue. Trop belle pour être intelligente en quelque sorte !

Bien sûr, la vie privée d’Hedy Lamarr, ses multiples mariages et amants, peuvent susciter des critiques. Il n’empêche : j’ai envie de dire « quelle femme ! » en particulier quand je lis ce qu’elle a répondu à un journaliste de « Vanity Fair » qui l’avait soumise au fameux questionnaire de Proust et lui posait la question : « Comment aimeriez-vous mourir ? », elle répondit sans hésiter, montrant qu’elle n’avait toujours pas fait la paix avec son cœur, tyrannique : « Après avoir fait l’amour ! »
Voilà un principe qui me convient bien !

REFERENCES

Des livres:

• La fameuse autobiographie d’Hedy Lamarr, « Ectasy and me », a été traduite en Français et éditée en 2018 chez Seguier Editions

• Hedy Lamarr est aussi l’un des personnages de la bande dessinée en deux tomes de Pénéloppe Bagieu, « Culottées. Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent. » (Gallimard, 2016-2017).

Sur le Web, outre l’article Wikipédia, je conseille les liens suivants:

• https://www.histogames.com/HTML/chronique/grande-femme-de-l-histoire/hedy-lamarr.php

• https://www.parismatch.com/People/Splendeurs-et-miseres-de-la-vie-de-star-Hedy-Lamarr-l-insatiable-1565999

• https://www.parismatch.com/Culture/Livres/Hedy-Lamarr-autant-en-emporte-la-vamp-1489367

• https://www.franceculture.fr/cinema/hedy-lamar

Je renvoie enfin à la série de « Femmes extraordinaires », réalisée par Matthew Barrett, dont un épisode a été consacré en 2011 à Hedy Lamarr et que j’avais eu l’occasion de voir il y a quelques semaines sur « La Chaine Histoire ». C’est ainsi que j’ai eu connaissance de ce personnage.

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